Bonsoir
Ce n’est un secret pour personne, je fais partie des gens qui ont la légère tendance à faire planter les concepts tels que l’aléatoire ou la RNG. On va dire que c’est mon côté Rincevent. Alors un Rance qui se joue entièrement aux dés et à la roulette… Voilà qui pique mon intérêt.
Il y a des aventures qui se déroulent sans accroc. On accepte la quête, traverse un donjon, récupère le trésor, sauve la pucelle et la rend en plus ou moins bon état au commanditaire, en l’échange de monnaie sonnante et trébuchante, pour la liquider le soir même en boissons et femmes. Puis, il y a celles qui prennent de tout autres tournures suite à quelques imprévus. Mais l’imprévu fait partie du quotidien des aventuriers, après tout. Du moins, c’est le cas de nos trois… de nos deux aventuriers en ce moment même.
– Je t’avais dit qu’il fallait tourner à gauche à l’avant-dernier croisement !
– Mais, c’est vous qui aviez… Outch !
Rance venait de frapper le sommet du crâne de Sill pour la faire taire, avant de reprendre.
– Et c’est de ta faute si on en est là, alors je compte sur toi pour nous faire sortir de ce trou à rat.
– Hééé…. Euh, bien compris, répondit Sill, voyant Rance lever le poing, mais ne devrions-nous pas attendre Athena 2.0 ? Elle est partie depuis longtemps, peut-être a-t-elle trouvé la sortie…
– Tu penses ? Ça m’étonnerait. Et même si elle trouvait la sortie, je ne pense pas qu’elle arriverait à nous retrouver.
– C’est vrai… J’espère qu’il ne lui est rien arrivé.
– C’est une idiote, mais elle est idiotement forte. Elle ne risque rien. Et avec de la chance, elle va même attirer les ennuis vers elle plutôt que vers nous. D’ailleurs, le chemin se fait plus étroit. Passe devant, Sill, et vérifie qu’il n’y a pas de pièges.
Sill soupira, mais s’exécuta sans protester. Dans les cavernes, sa magie lui permettait d’avoir une meilleure perception des alentours, et le temps qu’elle avait passé avec Rance lui avait appris à déjouer une grande partie des pièges. Kanami lui avait aussi donné des cours, les deux filles étant plus proches depuis les événements sur Ylapu.
– Aucun danger, Rance-sama. Le tunnel donne juste sur une grotte immense. Je n’en vois ni les murs ni le plafond, il semble recouvert de brume. Il y a aussi une légère pluie…
– Alors avance, ne reste pas planter au milieu du chemin, lui répondit Rance en la poussant.
– Ça ne vous choque pas ?
– Ça ne vous choque pas ?
– De quoi ? Lui demanda Rance, l’air agacé.
– La pluie…
– Non. Maintenant, avance. À moins que tu n’aies peur pour tes vêtements. Ne t’inquiète pas, je les ai fait enchanter avant de partir, ils devraient te tenir chaud. Mais tu peux les enlever, si tu veux.
– Ça ira… déclara rapidement Sill, inquiète du froid qui commençait à se faire sentir malgré tout. Après avoir fait quelques pas dans la grotte, les deux aventuriers étudièrent leurs alentours. La grotte était en effet immense. Une légère pluie semblait sortir du plafond, invisible sous une épaisse couche de brume qui les entouraient, rendant les directions difficiles à tenir.
– Rance-sama, par là ! Il y a de la lumière.
– En effet… On dirait des torches… qui se dirigent vers le même endroit…
– Un cortège ?
– Ou bien quelques vierges qui se dirigent vers une source chaude dans ces grottes pour se purifier en attendant ma venue… Viens Sill, approchons, allons voir quel genre de beautés seront honorées de ma présence.
Et Rance se dirigea d’un bon, mais silencieux pas vers les lumières, suivi de Sill.
Une fois à portée de vue, ils purent en apercevoir l’origine. Des lanternes de papier, portées par des silhouettes encapuchonnées aux faciès humanoïdes, faisaient une longue procession au milieu de laquelle se trouvait un palanquin sur lequel se tenait, assise, une femme, elle aussi au visage masqué. Leurs vêtements semblaient venir d’un autre pays.
– Ils sont bizarres… on dirait des renards.
– Ce sont des Kitsune, Rance-sama. Des sortes d’esprits ou divinités du JAPON. J’ai lu quelques choses à leur sujet dans un livre sur le JAPON que Kanami m’a prêté. Ils sont espiègles, mais pas fondamentalement méchants.
– D’accord… Et la femme au milieu ?
– Hmm… Je crois qu’il y avait quelque chose à ce sujet… Quelque chose comme une noce de renard… aussi appelé Ame no Kitsune, qui signifie « pluie de renard »… ça expliquerait le temps.
– Une jeune mariée, hein ? Je devrais peut-être aller vérifier la marchandise avant de la laisser à des animaux, tu ne penses pas ?
– Nous ne devrions pas… Ceux qui interfèrent avec un mariage de renard subissent toujours une terrible fin.
– Hmm…
1. Attaquer le cortège
2. Laisser le cortège passer
1 – On y va, Sill !
– Compris, Rance-sama !
Et ils s’élancèrent contre le cortège… qui disparut sans faire un bruit.
– Que… Sill, qu’est-ce qui s’est passé ?
…
– Sill ?
Mais seul le silence accueillit la question de Rance, avant que, lui aussi, à son tour, se fasse submerger par la brume.
Bad End. N’oubliez pas de sauvegarder régulièrement.
2. – Attendons. Ils sont trop nombreux, et si ce que tu dis est vrai… Par contre, il faudra que tu compenses, compris ?
Sill rougissait, mais répondit d’un ton rassuré :
– Compris, Rance-sama.
Et les deux reprirent leur route vers la suite de leurs aventures, vers de nouvelles aventures et de nouvelles conquêtes, dans un village étrange où réside une princesse emprisonnée. Mais cela est une autre histoire.
Rance 5D est un RPG RNG Based, sorti en 2002, après plusieurs échecs pour relancer la licence de la part d’Alicesoft. Le D du titre correspond à la version du jeu (et non pas au tour de poitrine de la nouvelle héroïne). Voici les dires de TADA, membre fondateur d’Alicesoft, sur le développement du jeu :
« Nous n’avions plus la volonté ni les ressources pour continuer à essayer de faire un RPG ambitieux… Nous avions déjà essayé trois fois… Trois essais qui ont été ensevelis sous les ténèbres du passé… Mais si c’était un petit jeu débile… »
Mécaniques inhabituelles, à n’en point douter |
Afin d’y arriver, Alicesoft décida de créer des directives spécifiques pour :
1. Ce sera fini, quoi qu’il arrive ;
2. Ce sera un retour aux racines plus simples qui ont été établies dans Rance I et II ;
3. Ce sera un RPG avec des mécaniques inhabituelles ;
4. Ce sera petit ;
5. Ce sera stupide !
Et c’est ainsi qu’est sorti Rance 5D, dont la version anglaise est dispo officiellement en bundle avec Rance 6 en anglais depuis fin 2016 sur MangaGamer.
Le jeu est séparé en 3 phases. Les phases scénaristiques, s’approchant d’un mélange entre un VN et une BD, les phases d’aventure, et les phases de combat. La particularité du jeu étant que toutes les phases de gameplay tournent autour de l’aléatoire, même si ça ne veut pas dire que le jeu ne dispose pas de certaines subtilités.
Niveau gameplay, les déplacements se font sur une roulette composée de plusieurs billes de couleur. Chaque couleur correspond à un événement différent, tels que combat, scénario, trésor, Kurupiston, etc). De plus, si on fait trois fois la même couleur, on obtient un bonus. Il est aussi possible de tirer 3 ou 5 balles d’affilées et choisir celle qui nous convient le plus, mais le bonus triple couleur n’est plus actif dans ce cas-là. Une barre de temps est aussi placée en haut de l’écran et est consommée à chaque action. Le jeu est perdu une fois qu’elle est vide, demandant d’optimiser ses mouvements (mouvements, comme précisé, aléatoire).
Les combats, quant à eux, se jouent aux dés. Mais pas dans le sens où celui qui fait le plus haut score gagne, non… Un D6 (un dé à 6 faces) est lancé, et chaque personnage a une attaque qui correspond à ce chiffre, que l’on peut échanger au préalable, qu’il effectue lorsque le chiffre tombe.
Pour ajouter au bordel général, chaque personnage dispose de deux « spécialisations », leurs permettant d’apprendre de nouveaux skills ou de les améliorer lorsqu’ils montent de niveau, et il existe aussi le skill « Capture » permettant de capturer et faire battre à vos côtés, ou pour vous, des GalMonsters (les monster girls de l’univers de Rance).
Bien évidemment, ces captures prennent de la place dans un inventaire déjà limité et rempli d’objets de quête et de soin et d’équipements. Sinon, ce n’est pas drôle. Bref, un système de combat très simple sur le papier, mais qui se joue entièrement sur la préparation et la chance. Et surprenamment prenant.
Le scénario est lui aussi simple, mais prenant. Les aventures de Rance et Sill qui se retrouvent dans une grotte hors du temps à délivrer une princesse solitaire de sa prison. Les personnages sont attachants, l’ambiance générale est fun, funk et rock, la rendant assez unique.
La musique est… surprenante. Un mix rock/rap/traditionnel Jap et d’autres étrangetés qui ont trop bu et étrangement copulé ensemble pour nous donner 12 morceaux qui rythment le jeu dans sa globalité. 12 pouvant sembler peu, mais le jeu ne prenant pas plus d’une ou deux soirées à finir, dans l’optique où il m’a fallu le recommencer une fois, car j’avais trop laissé le temps filer et mal géré mes sauvegardes. Il n’est pas spécialement difficile, mais demande un peu de comprendre comment il fonctionne.
+ | – |
–Ambiance plutôt unique – Amusant (important pour un jeu vidéo, non ?) – Plus complexe qu’il n’en a l’air – L’aléatoire, c’est fun |
– Un peu court, quand même. – L’aléatoire, c’est fun. Mais pas toujours. |
Comme introduction pour la nouvelle génération des Rance, Rance 5D est un bon jeu. Il n’est pas prise de tête, pas compliqué, et suffisamment court pour que le temps qu’on passe dessus soit plaisant tout du long. Pour ceux qui aimeraient jouer à un Rance sans se prendre la tête, je le conseille. Il fut en tout cas pour moi une expérience assez originale que je referai avec plaisir.